Qu’est-ce que l’EMDR ?

Acronyme angloxon Eye Movement Desensitization and Reprocessing pourrait se traduire, en Français par la « désensibilisation et retraitement par mouvements oculaires ».

Pratique intégrative de la psychologie, elle est âgée d’une trentaine d’années.
Utilisée d’abord auprès des vétérans souffrant d’états de stress post-traumatique, elle s’est étendue à tous les types de traumatismes considérés comme évènements perturbants que nous aurions du mal « à dépasser ».
Ainsi, cette méthode peut s’utiliser aussi bien après avoir subi un traumatisme complexe (attentat, violences, agression…) que des traumatismes dits « simples » comme un accrochage avec sa voiture, une crise d’angoisse générant une anxiété chronique, une rupture etc.

 

Fondements théoriques de l’approche EMDR

Conçue par Mme Shapiro il y a 30 ans pour aider les vétérans de guerre, la thérapie EMDR intervient pour aider à traiter des traumatismes mais aussi des pensées, difficultés et troubles persistants (angoisses, deuils, TOC, phobies etc.).

Toutes nos expériences vécues de façon conscientes ou inconscientes sont traitées par notre système cérébral et sont stockées dans la mémoire.
Les informations contenues dans chaque situation et expérience sont liées avec d’autres plus anciennes.
Ces réseaux de mémoire ne sont ni volontaires ni conscientes mais plutôt automatiques.
Ils vont d’ailleurs colorer notre perception des choses et de notre environnement qui nous entourent.

Ces réseaux de mémoire sont comme des groupes d’informations associées entre elles et constituées d’expériences plus ou moins négatives qui vont combiner ensemble
des perceptions sensorielles,
– des cognitions (pensées),
– des émotions,
– des sensations physiques.

Par un processus de traitement intellectuel naturel que nous effectuons tous les jours (la catégorisation), ces associations vont se relier entre elles.
Notre cerveau va simplement intégrer de nouvelles informations à d’autres informations déjà présentes depuis la petite enfance parfois.

L’intégration d’une information devient alors adaptative.
Par exemple, je découvre pour la première fois un fer à lisser. Je le touche pour en comprendre l’utilisation. Je me brûle Je retiens que, comme d’autres objets (le fer à repasser), c’est chaud voire douloureux si je ne fais pas attention. Cette leçon de vie sera intégrée et me permettra de m’adapter si je dois en utiliser un à l’avenir.

Parfois, certaines informations sont stockées dans mon cerveau de façon « dysfonctionnelle ».
On suppose que les réactions douloureuses liées à cet évènement (chagrin, peur…) ont été tellement fortes que le réseau de mémoire n’a pas réussi à l’intégrer.
C’est comme si l’information était restée figée dans le temps et ne change plus.
L’expérience est alors stockée dans un réseau neuronal séparé, dans sa forme brute (sans « leçon de vie » du passé) avec les images originales, les pensées, les sentiments et les sensations corporelles.

Il ne faut pas se culpabiliser.
D’une part, nous faisons toutes et tous ce que nous pouvons.
Mais surtout, la résilience n’est pas toujours possible.
Nous faisons front face à des moment douloureux avec ce que nous avons de disponible au moment où les choses nous arrivent.
Surtout quand ces évènements nous sont arrivés enfant. Il nous aura alors fallu les « comprendre », les stocker avec ce qu’un enfant a de compétences intellectuelles pour les comprendre, affectives pour y faire face et de ressources (souvent limitées à nos parents).

Notre cerveau va alors tenter de nous préserver en figeant le souvenir pour ne pas activer la souffrance qui y est reliée.

La thérapie EMDR

Elle cible ces souvenirs non traités qui contiennent les émotions, les sensations et les croyances.

Les mouvements oculaires sont exactement les mêmes que ceux que nous faisons naturellement la nuit, lors de notre sommeil (quand nous rêvons).
C’est le moment quotidien où notre cerveau traite, stocke.
On le voit bien chez nos animaux de compagnie et les nourrissons.

Lors de la thérapie, le ou la patient.e, avec l’aide du ou de la psychologue va cibler les différents évènements qui perturbent encore dans le présent même si cela est passé.
Ensemble, et dans un cadre sécurisé, ils vont pouvoir permettre à ses souvenirs de se digérer pour s’intégrer à l’ensemble de sa mémoire.

On va alors désensibiliser le souvenir puis le retraiter pour qu’il devienne un moment passé qui n’active plus rien dans le présent.
On se sert des mouvements oculaires pour faciliter ce processus et aider le système nerveux central.
Les pensées, les sensations associées seront, elles aussi, l’occasion d’être digérées à leurs tours.

 

Ce processus se fait en toute conscience. Il n’y a aucun effet hypnotique.
C’est bien le ou la patient.e qui active le processus de guérison.
Avec l’aide de son psychologue et en sécurité dans le présent.

Les 3 temps passé – présent – futur sont donc accompagnés.

La thérapie EMDR fonctionne quand on évacue les problématiques du passé mais aussi quand on désensibilise les déclencheurs du présent et quand on facilite sa projection dans le futur.

 

Aucun protocole EMDR ne peut être mis en place sans une préparation préalable.

Cette méthode s’inscrit dans la thérapie.
Si vous avez le moindre doute, interrogez la formation suivie.

La formation des praticien.ne.s en EMDR

Seuls 3 centres de formation sont reconnus en France.

Les praticien.ne.s en EMDR peuvent traiter des situations dites « simples » avec un niveau 1 et des « traumatismes complexes » avec un niveau 2.
Entre ces niveaux, une supervision est obligatoire.
Après ces niveaux, une autre supervision atteste du titre.

Il est plus que recommandé que les professionnel.le.s de santé mentale pratiquant l’EMDR continuent de se former sur des thématiques concernant les traumatismes, les maladies, la prise en compte des troubles alimentaires, l’angoisse, les phobies etc.

Une accréditation Europe est accordée à celles et ceux qui valident un bon niveau de compétences validées par l’autorité de l’association EMDR France.

Comment se passe une séance EMDR ?

Comme on agit directement sur le système nerveux central, le patient et le praticien vont convenir d’un protocole très encadré sur lequel travailler.
On définit la problématique à traiter, ce qui en déclenche les effets et les objectifs visés.
Ensuite, on adopte une position sereine et apaisante pour travailler sur cette problématique.
Le ou la patient.e reste totalement conscient.e  et actif.ve durant tout le processus.

A partir d’une image et un ensemble d’éléments associés, le ou la patient.e va se remémorer l’évènement à retraiter.
Grâce aux même mouvements oculaires identiques à ceux du sommeil mais ici stimulés par une barre lumineuse, le système nerveux central va retraiter le souvenir pour évacuer la source perturbante.

Si l’on dit que « la nuit porte conseil », l’EMDR provoque le même processus jusqu’à apaisement.
On évalue cela à partir d’une échelle de perturbation adaptée.

Cela fait un peu formule magique, non ?

En apparence et en quelques lignes, cela peut donner cette impression…
Et, en toute honnêteté, j’ai eu beaucoup de doutes lorsque j’ai découvert l’EMDR.
Jusqu’à ce que j’ai les données statistiques des praticiens prenant en charge les victimes de l’attentat de Nice.
Et même pour des patient.e.s souffrant de la maladie d’Alzheimer.
Après plusieurs années de pratique, je suis régulièrement bluffée par ses effets. Et, toujours avec la même honnêteté, mes patient.e.s aussi !!

Pour en savoir plus :

https://www.emdr-france.org/web/quest-therapie-emdr/

http://www.emdr-france.org/web/lemdr-pour-panser-les-blessures-psychiques/