La prochaine édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-6) suscite déjà de nombreux débats.
Parmi eux, une question centrale : doit-on intégrer des critères biologiques, comme l’inflammation, dans le diagnostic de certaines formes de dépression ?
Ce que dit la recherche
Depuis une dizaine d’années, un consensus scientifique émerge : un sous-groupe de patients souffrant de dépression présente une inflammation chronique de bas grade. Le système immunitaire reste activé, même sans infection.
Les marqueurs biologiques les plus étudiés sont la CRP, l’interleukine-6 (IL-6) ou le TNF, trouble neurologique fonctionnel.
Ces patients présentent souvent des symptômes spécifiques : fatigue persistante, perte de plaisir, troubles du sommeil, ralentissement psychomoteur.
Ces manifestations rappellent le “comportement de maladie”, une réaction de l’organisme lors d’une infection (repos, baisse d’activité, perte d’appétit). Normalement protectrice, cette réaction devient problématique quand elle se prolonge.
Inflammation et cerveau
L’inflammation impacte directement certaines zones cérébrales liées au plaisir et à la motivation, notamment en réduisant l’effet de la dopamine (neurotransmetteur du plaisir et de la motivation). Cela explique pourquoi certains patients déprimés peinent à retrouver la joie de vivre malgré les traitements antidépresseurs classiques.
Vers des traitements plus personnalisés
La bonne nouvelle : ces patients pourraient répondre à d’autres approches thérapeutiques, comme :
- des combinaisons antidépresseurs + anti-inflammatoires,
- des traitements qui renforcent l’activité dopaminergique,
- ou encore la kétamine et l’ECT, qui semblent plus efficaces en cas d’inflammation.
La psychiatrie de précision
Mesurer l’inflammation par une simple prise de sang pourrait révolutionner la prise en charge de la dépression.
La CRP, par exemple, est déjà utilisée pour évaluer les risques cardiovasculaires. L’intégrer au dépistage de la dépression permettrait une approche plus ciblée, adaptée à la biologie du patient.
En résumé
Intégrer l’inflammation comme critère de stratification diagnostique dans le DSM-6 pourrait :
- identifier plus finement les sous-types de dépression,
- proposer des traitements personnalisés,
- ouvrir la voie à une psychiatrie de précision, centrée non seulement sur les symptômes visibles, mais aussi sur leurs causes biologiques.