1- Le développement de la croyance:

Si tout être humain est une combinaison biologique, psychologique et sociale, il est essentiel de s‘attacher à ces trois paramètres dans l’équation pour être certain.e de bien saisir qui je suis, comment je me suis construit.e et ce qui a pu influencer les parts de ce que je suis aujourd’hui.

Ces 3 paramètres s’enchevêtrent progressivement pour faire un moi complet (enfin plus ou moins…). « Vouloir (se) comprendre » revient à faire un bilan sur ces 3 sources et pas seulement s’attacher à son éducation, les liens parentaux ou les effets (délétères) d’une lointaine grand-mère plutôt toxique !

Ainsi, dès la naissance, le ou la petit.e humain.e va se voir intégrer un groupe lui-même composé d’autres êtres humains portés par les 3 critères énoncés.
Son développement moteur et physiologique va lui permettre d’intégrer physiquement son groupe d’appartenance (par le sourire, les gazouillis, la marche, la tendresse et tout un panel qui facilite les interactions sociales).
Viennent ensuite les différentes mises en lien grâce au style d’attachement avec ses figures parentales d’abord puis la famille élargie.
Progressivement, les différents codes sociaux implicites et explicites s’ajoutent pour construire un ensemble complexe d’actions et de réactions favorisant l’intégration au groupe culturel de référence (se faire la bise, parler en agitant les mains, conduire à gauche ou à droite …).
L’étude de cette évolution a tendance à se faire dans cet ordre et nous avons toutes et tous cette représentation de notre propre progression.
Pourtant les 3 « étapes » n’ont absolument rien de linéaire.
Le nourrisson qui vient au monde dormira ou non avec ses parents, sera élevé dans une famille nucléaire ou très élargie, nommera « maman » une à plusieurs femmes, construira son genre autour d’une stéréotypie plus ou moins marquée, adaptera des codes vestimentaires spécifiques, considèrera la religion comme une part intégrante de sa personnalité, vouvoiera ses parents et j’en passe…
Le nourrisson est un être humain qui va s’approprier des milliers d’informations issues à la fois des ces aptitudes physiques que familiales et culturelles.
Aucune d’elles n’est à exclure et toutes vont ainsi influencer TOUT le développement de l’enfant puis de l’adulte en devenir.

3- Quelle place des croyances et des biais en thérapie ?

Elle est très importante puisque les croyances de soi et pour soi notamment viennent régulièrement empêcher la réflexion et la mise à distance.
L’action thérapeutique ne correspond pas à « comprendre pourquoi » mais surtout « comment » nous nous sommes construit.e pour ensuite agir sur un autre « comment » de transformation.
Pour cela, le plus gros du travail consiste bien à prendre conscience de ce que l’on est, comme résultat de critères multiples.
Mais, et c’est certainement le plus important, de « s’extirper » de ses fonctionnements biologiques, psychologiques et sociaux.
Cette prise de hauteur de soi-même se fera pas à pas, au fur et à mesure des compréhensions de tous les mécanismes issus de notre développement, des influences de notre famille comme de notre culture.
Les relations affectives et amoureuses sont aussi marquées par des paramètres.

Une fois « le sommet » atteint, un vrai temps de réflexion est indispensable.
Il est fort probable que les systèmes qui nous composent soient remis en question (comme la valeur du travail, l’importance de l’amour etc.). Et c’est notre droit le plus strict.
Notre libre-arbitre s’invite dans la thérapie qui n’est ni plus ni moins que NOTRE lieu d’expression et de droits.

Il sera alors possible de remettre en question nos fondamentaux, les mettre en doute voire les rejeter.
Cette phase de déconstruction peut sembler très inconfortable.
Mais les zones de confort peuvent aussi s’apparenter à de véritables zones d’emprisonnement.
Cependant, au-delà de l’inconfort apparent, elle permet de reconstruire ce qui nous semble essentiel pour ce que l’on est devenu.e.
Ainsi rien ne nous empêche de prendre d’anciennes fondations revisitées si besoin mais en ayant conscience que nous les avons choisies sciemment cette fois.

La thérapie devient alors à la fois soin pour soi mais l’occasion de (re)construire le sens que l’on veut donner à sa propre existence.

Mieux, la progression de cette réflexion facilite un accès à des outils de déconstructions transférables dans le temps au cours du reste de notre évolution.
De thérapeutique, elle devient alors existentielle, favorisant l’autonomie dans la pensée et l’accès à ce que nous sommes intimement.